Sophie Fanny Lordon
Mayer-Lamartinière - 1820

rappel
Les abrutis au volant me ruinaient le moral, c'est un fait indiscutable. Pourtant, je n'arrive pas à me remémorer ce que je ressentais à l'époque, l'accablement en lui-même. J'ai beau imaginer un vendredi en fin d'après-midi, les pires cadors du centre ville, les dédaigneux du clignotant et les suceurs de pare-chocs, rien n'y fait. L'indifférence est telle que j'en viens à penser que tout cela n'existe peut-être plus. Après tout, eux aussi en avaient marre. Peut-être sont-ils partis, les axes déserts, un dimanche matin perpétuel, juste quelques retraités roulant au pas, cédant le passage, dans le doute ou simplement par gentillesse. Dans la montagne, depuis ma fenêtre, j'imagine la file interminable des exilés déboulant sur le chemin de terre. Le cortège des pots d'échappement, des klaxons, des accélérateurs. Des bêtes sauvages, oui, c'est cela, maintenant tout me revient.
Ce site rassemble quelques textes de jeunesse. Bonne lecture.