soeur Inger
Munch - 1884

la pause mahler
Nous avons passé l'après-midi à barboter. L'air était de cette température où l'on ne sent ni le chaud ni le froid, où l'on flotte comme en apesanteur. Il y eut un touriste en bandoulière, cherchant l'inspiration le long de ses objectifs, photographiant les ruines, s'en extasiant longuement. Il n'a pas remarqué notre présence. Un jeune couple est également passé en rase motte, la femme a dit avoir adoré. Sur le coup, cela m'a fait sourire. En fait, ses mots m'avaient rendu inquiet. Je regardais autour de moi l'eau, la terre, quelques herbes. Mathilde a fait quelques coin-coin. Saint-Yves n'arrêtait pas de fouiller la vase. Moi-même, je ne ressentais plus grand-chose. Comme lorsqu'on est très malade, ou l'inverse. Peut-être est-ce pour cela que je ne rêve plus. Quelques ondulations perçaient à travers les branchages. Nous restions chacun bien à l'écart, regardant devant, ne regardant rien du tout. Une légère bise nous remuait. J'ai plongé quelques têtes, plus par réflexe qu'autre chose. Puis, je crois m'être endormi.
Ce site rassemble quelques textes de jeunesse. Bonne lecture.